L’église Saint Anne de Nohant

 

Historique de l’Eglise Saint Anne de Nohant

Elle est la plus connue des églises du pays de La Châtre. Elle le doit au voisinage de la maison de George Sand qui reçoit chaque année des milliers de visiteurs venus du monde entier. En arrivant, ceux-ci découvrent la petite église au fond de la place qui n’a plus la parure de ses ormes centenaires dont elle s’enorgueillit jusqu’en 1989.

L’église Sainte Anne était une dépendance de l’abbaye de Déols à laquelle elle appartenait avant 1115, ainsi qu’en témoigne la bulle de Pascal II.

C’est un modeste édifice resté pauvre, pourtant plein de charme avec ses proportions harmonieuses, ses toits de tuiles. Un auvent, couvert d’un toit en appentis sur montants de bois brut, lui apporte une note pittoresque ; le sol en est dallé ; des banquettes de pierre, sur les côtés, invitent à un instant de repos, avec vue sur la place : les mendiants y étaient abrités.

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Un peu d’histoire et d’architecture…

En entrant dans l’église, l’œil est d’abord frappé par deux énormes piliers octogonaux. Dans cette première travée, à berceau de bois, on remarque les restes d’ogives et de formerets (arc parallèle au mur qui soutient une voûte) au dessus de consoles à masques, ce qui prouve qu’il y a eu là des voutes ogivales.
La travée suivante, plus étroite, est à coupole avec oculus. Elle est limitée par quatre arcades légèrement brisée. A l’est, elles sont soutenues par des colonnes engagées. A l’ouest, les colonnes primitives ont été remplacées par ces piliers massifs, au XVIème siècle. Les chapiteaux anciens ont été conservés. Bien qu’ils soient très érodés, on y distingue des animaux : quadrupèdes, oiseaux, et des personnages à grosses tête et aux membres grêles ; les tailloirs (tablette sui coiffe le chapiteau d’une colonne) portent stries, boutons fleuris, motifs qui ne se rencontrent guère avant le début du XIIème siècle ce qui donne à penser que la petite église n’est peut être pas aussi ancienne que le laisse paraître son aspect archaïque. Le chœur est un berceau brisé garnie latéralement d’une arcature en plein cintre. Un chevet plat termine l’édifice. Toutes les baies ont reçus de nouveau vitraux, réalisé par le maître verrier, Jean Mauret.
C’est au XVIème siècle qu’on a construit la chapelle carrée, au sud du sanctuaire. Il y avait là un tableau représentant Sainte Anne instruisant la Vierge. Il est aujourd’hui en dépôt au Musée George Sand et de la Vallée Noire à La Châtre. Il est la copie, par Maurice Sand, d’une œuvre due au célèbre peintre Eugène Delacroix.

Sainte Anne est traditionnellement fêtée, chaque année, le dernier dimanche de juillet.

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Extérieurement, le mur nord de l’église a d’épais contreforts. Derrière la chapelle, la sacristie est moderne. Sur la tour carrée du clocher central, les baies géminées sont joliment recoupées par une colonnette à chapiteau lisse et à base en glacis (plan incliné pour l’écoulement des eaux). Le toit est pyramidal à quatre pans : il abrite une cloche qui a un très joli son.

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« Le 18 mars 1848, la cloche tinta (il s’agit d’une ancienne cloche) pour annoncer un office religieux : un service à la mémoire de ceux qui, à Paris, venaient de donner leur vie pour chasser le roi Louis-Philippe. Un jeune homme distingué recevait les arrivants, c’était le nouveau maire, Mr Maurice Sand, à peine âgé de 25 ans. »

Le 10 juin 1876, la cloche tinta pour accompagner George Sand au petit cimetière de famille. La romancière n’était pas pratiquante, mais sa fille Solange avait exigé des obsèques religieuses que vint célébrer l’Abbé Villemont, curé de Vic, qui en avait demandé l’autorisation à l’Archevêque de Bourges. Une quinzaine de célébrités parisiennes étaient présentes ainsi que les paysannes «venues prier pour elle, encapuchonnées, le chapelet à la main. Pour moi, dit Ernest Renan, j’eusse regretté de passer, sans entrer, devant le porche abrité de tant d’arbres. »

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La cloche actuelle fut offerte par Mme Calamata, belle-mère de Maurice Sand, en remplacement de l’ancienne, fêlée, qui refusait alors tout service ! La cérémonie de consécration eut lieu le 9 septembre 1894. Elle fut présidée par l’Abbé Mugnier, ami de la famille, en présence de l’Abbé Villemont, curé de Vic. Le parrain de la cloche, l’abbé Huvelin, malade, ne put venir bénir sa filleule « Joséphine », qui porte gravé sur ses flancs « Mon parrain est l’Abbé Jean Huvelin », suivi de la mention « en mémoire de ma donatrice, Joséphine Calamata »

L’église en 1891 (source site https://monumentum.fr/ )

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Quelques années plus tard, l’Abbé Jacob, curé de Saint Chartier, séjournant au collège de Lourdoueix, rendit visite à son ami, le peintre Fernand Maillaud. Celui-ci l’entraina chez Maurice Rollinat qui leur interpréta un Dis Irae bouleversant.
« Son visage s’était tellement transfiguré, son regard s’était tellement dilaté, sa voix s’était faite si impressionnante, que nous étions sous le coup d’une émotion qu’il nous est impossible de traduite ici ! »
Lors d’une réunion amicale à Nohant, l’Abbé Jacob raconta son admiration pour la musique religieuse et les auditions que donnait Maurice Rollinat en l’église de Fresselines. Gabrielle Sand, petite fille de la romancière s’écria : « pourquoi ne ferait-on pas la même chose à Nohant ? »
Et c’est ainsi que la petite église eut son concert « Maurice Rollinat » !

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Quelques mois plus tard, en juin 1909, « la jeune châtelaine de Nohant » se sentit mourir. C’est le prêtre de Saint Chartier, l’Abbé Jacob qu’elle demanda près d’elle. Et la cloche tinta pour sa mort, à 40 ans à peine. Elle fut accueillie dans « l’église qui est si basse, qu’on est forcé d’s’y mettre à g’noux ! » (Gabriel Nigond)

Texte issu du site de l’Association de Sauvegarde de l’Eglise de Nohant, avec leur aimable autorisation
www.ase-nohant.org

Sources documentaires :
Les églises de l’Indre, Deshoulières
Lélia ou la vie de George Sand, A. Maurois
Le vespéral des pasteurs ruraux, Hector de Corlay
La revue des Amis de George Sand

Pour voir les photos de l’intérieur après restauration, cliquez ici 

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