George Sand et Nohant

George Sand et Nohant

« A-t-on bien raison de tenir tant à ces demeures pleines d’images douces ou cruelles, histoire de votre propre vie, écrite sur tous les murs en caractères mystérieux et indélébiles qui, à chaque ébranlement de l’âme, vous entourent d’émotions profondes ou de puériles superstitions ?»  C’est George Sand elle-même qui pose la question dans ses mémoires, intitulées «Histoire de ma vie» et dont elle commença la rédaction dès 1846.

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Si jamais une maison fut totalement intégrée à la vie, à la légende et à l’œuvre d’un écrivain, ce fut bien le Nohant de George Sand, demeure inspirée entre toutes. Ce fut tout au long de sa vie passionnée, le havre indispensable, la retraite studieuse, où elle se ressourçait et retrouvait l’équilibre, tout en entraînant dans son sillage à la fois sa famille, ses amants successifs, ses très nombreux amis et les personnalités les plus remarquables de son époque. C’était une ruche bourdonnante dont elle était la reine et où l’on pratiquait avec talent un indéniable art de vivre.

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On s’intéressait, on touchait à tout à Nohant ! D’abord, bien sûr, aux arts et aux lettres : le dessin, la gravure, la peinture, la musique (George Sand pratiquait elle-même le piano, la harpe, la guitare), la danse, le théâtre, les marionnettes… La littérature, c’était le travail, le labeur quotidien pour la maîtresse de maison, souvent la nuit jusqu’à 6 heures du matin, mais aussi de longues lectures autour de la table du salon. Il y avait aussi les joies de la nature. Une fantastique passion pour le jardinage, la botanique, les minéraux, les fossiles, les insectes, les papillons. Il y avait encore de multiples travaux manuels («les soins domestiques ne m’ont jamais ennuyée» affirmait-elle), la création des décors et des costumes pour le théâtre, un goût certain pour la décoration, la cuisine, les confitures («c’est aussi sérieux que de faire un livre» disait-elle)… A Nohant, on s’occupait aussi pêle-mêle de médecine, de problèmes d’éducation, d’ethnologie régionale, de la sauvegarde des sites et des traditions, d’archéologie, d’art roman, (C’est George Sand qui fit classer les fresques de Vic comme monuments historique), de tourisme avec de longues excursions à pied, à cheval ou en carriole. De ces multitudes activités, à Nohant, on retrouve encore aujourd’hui ici ou là quelques réminiscences et c’est ce qui rend cette visite si émouvante.

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Reste enfin l’impalpable présence des êtres eux-mêmes, les divers membres de la maisonnée, les familiers qui avaient toujours ici table ouverte et les nombreux hôtes illustres, qui, tour à tour, ou parfois ensemble, firent le voyage à Nohant – ce qui était encore au XIXème siècle une petite expédition –  : Franz Liszt et Marie d’Agoult pour un très long séjour ; Chopin qui passa sept étés à Nohant, années qui furent les plus fécondes de sa vie (il y composa une quarantaine d’œuvre : des valses, des nocturnes, des barcarolles, des sonates, des mazurkas) ; Balzac discutant pendant trois jours à cœur ouvert avec «le camarade George» ; Delacroix qui aura son propre atelier à Nohant ; Flaubert, bien sûr. Mais encore Théophile Gautier, Tourgueniev et Pauline Viardot, Eugène Fromentin, Alexandre Dumas fils, Théodore Rousseau et tant d’autres…. !

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Devenue grand-mère affectueuse et «bonne dame » au cœur d’or, George Sand passa aussi les dernières années de sa vie dans son cher Nohant «à écrire, comme on jardine». Elle mourut le 8 juin 1876. Ses amis les plus chers firent un dernier voyage ce jour pluvieux où on l’enterra au milieu des siens, dans le petit cimetière familial qui jouxte la propriété. «J’ai pleuré comme un veau», dira Flaubert. Ses derniers mots «laissez verdure…» ont aussi été très respectés. Dans le grand jardin sauvage qu’elle aimait tant, la nature a pleinement repris ses droits.

Danielle Bahiaoui,
Secrétaire Générale des Amis de George Sand
www.amisdegeorgesand.info

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